Mes coups de cœur. Ce qui me sensibilise le plus, ce qui m’a touchée. Le temps file vite et cela nous sert souvent d’excuse. Pas le temps de lire mais il suffit parfois de feuilleter quelques pages pour déceler des petites graines de réflexions à germer.
Suzanne Philippe
Anna de Noailles
Sur la rive française du Léman
La beauté d’un lac, la sociabilité d’une époque, l’éveil d’une sensibilité, participent à une atmosphère qu’éclaire une écriture empreinte d’émotion et de justesse.
Anna de Noailles eut de nombreux amants et amis. Pour ne citer que quelques noms célèbres : Jean Cocteau, Maurice Barrès, Amie de Marcel Proust, André Gide, Anatole France, Paul Valéry, Colette. Tous fréquentaient les bords du Léman.
Si je n’aimais que toi en toi (extrait)
Si je n’aimais que toi en toi
Je guérirais de ton visage,
Je guérirais bien de ta voix
Qui m’émeut comme lorsqu’on voit,
Dans le nocturne paysage,
La lune énigmatique et sage,
Qui nous étonne chaque fois.
― Si c’était toi par qui je rêve,
Toi vraiment seul, toi seulement,
J’observerais tranquillement
Ce clair contour, cette âme brève
Qui te commence et qui t’achève…
Anna de Noailles
Anna de Noailles fut très largement inspirée par le lac Léman. Elle passait ses étés dans la villa Bassaraba à Amphion. Son œuvre est profondément marquée par son attachement aux rives et aux paysages lémaniques. Anna de Noailles est inhumée au cimetière parisien du père Lachaise, mais son cœur reposait, il y a une dizaine d’années encore au cimetière de Publier. Depuis, il a été enlevé et sans doute repris par la famille.
Les amis d’Anna de Noailles ont fait élever, en 1938, un temple votif signé de l’architecte Emilio Therry dans le jardin d’Amphion, celui de la villa Bassaraba, où la poétesse vint pour la dernière fois en septembre 1916. Il est situé en bordure du lac et ouvert au public. Ce petit temple de pierre rose à ciel ouvert, est constitué de six double piliers disposés en cercle autour d’une colonne portant une urne, et réunis par un toit conique semblable à celui d’un temple de l’amour. La colonne centrale porte ce quatrain :
“Etranger qui viendras,
Lorsque je serai morte,
Contempler mon lac genevois,
Laisse, que ma ferveur
Dès à présent t’exhorte,
A bien aimer ce que je vois”
Portrait
Nicole Yrle fut lauréate du grand concours Littéraire du monde francophone en 2008 organisé par l’Académie Poétique et Littéraire de Provence, pour une nouvelle, “Eblouissement” et pour le récit “Nous nous sommes tout dit“.
Grande admiratrice du poète René Char, j’ai choisi ma devise dans Les feuillets d’Hypnos : « Ne te courbe que pour aimer ».
Nicole Yrle
Raconter, inventer, écrire, ce plaisir remonte à l’enfance de Nicole Yrle. Née à Lyon, elle a longtemps vécu en région parisienne.
Devenue professeur de Lettres classiques, elle a cherché à faire partager son amour de la littérature. Elle a terminé sa carrière au lycée Arago de Perpignan où elle habite depuis dix-neuf ans.
Désormais, elle y cultive son jardin, au propre comme au figuré et consacre une grande partie de son temps à l’écriture de récits, nouvelles et romans.
Sylvain Tesson
Avec les fées
"N’oublie pas d’aimer, m’avait dit la mer"
“Et, dans les lacets qui me ramenèrent à la baie du voilier, je décidai que j’avais trouvé le Graal.
Ce qui se tenait là et pas ailleurs était le Graal.
On le trouvait quand on décidait que s’achevait la quête.”